vendredi 21 novembre 2014

Prier le chapelet

Dire plus de cinquante fois la même chose, c'est répétitif et si ça a un effet un peu anesthésiant, ça incite aussi à la distraction. Les lèvres bougent et les pensées s'envolent. Ce n'est pas une prière facile, et même sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus avait du mal. Elle disait : "La récitation du chapelet me coûte plus que de mettre un instrument de pénitence... Je sens que je le dis si mal. J'ai beau m'efforcer de méditer les mystères du rosaire, je n'arrive pas à fixer mon esprit". Alors si une si grande sainte, baignée dans la Foi, vivant dans un carmel où rien n'est prévu pour distraire de la prière, n'y parvient pas ou mal, que peuvent espérer les simples baptisés de bonne volonté pour que leur esprit ne s'évade pas dès la seconde dizaine ?

Alors à quoi sert cette prière, si tant est qu'il faille qu'une prière "serve" à quelque chose ? Peut-être à dire "Seigneur, je pense à toi, même si je le fais mal ou par intermittence", ou si l'on se tient immobile devant le Saint Sacrement, un jour d'Adoration, pour justement fixer son esprit vagabond et en profiter pour faire des prières d'intercession, même si l'on sait très bien que l'on sera souvent distrait par n'importe quoi. On peut aussi demander à la Vierge Marie de nous tenir la main.. Parce que ce n'est pas du tout évident de méditer les mystères joyeux, douloureux, glorieux ou lumineux, en dehors de tout contexte religieux (et avec l'exemple de sainte Thérèse, on a vu que même dans ce contexte, ce n'était pas simple).

Dire seulement une dizaine en se promenant est plus facile, on rend grâce à Dieu pour les fleurs, le paysage, le soleil, on termine en étant beaucoup plus serein, beaucoup plus détaché des choses du monde. là, ce n'est pas un exercice compliqué, réservé à certains privilégiés, ça convient tout à fait aux esprits faibles, c'est comme réciter l'Angélus quand on l'entend sonner au clocher de l'église la plus proche, ça rapproche de Dieu.


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